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lunes, enero 27, 2020


OPINION


LA TIARE, L’AIGLE BICÉPHALE ET LA TOISON D’OR: UNE TRILOGIE EUROPÉENNE?

  Assistant récemment à un office religieux dans la collégiale Sainte-Waudru de Mons en Belgique, mon attention fut soudain attirée par la verrière sommitale du choeur de l'édifice fusionnant symboliquement en son sein la quintessence du pouvoir politique et religieux sous l'autorité duquel le lieu était placé.
Vitraux du Choeur- Collégiale Sainte-Waudru de Mons
 Observant les trois motifs héraldiques superposés à l'intérieur du fenestrage gothique, j'y reconnus bientôt les symboles de souveraineté hiérarchisés des différents ensembles dont relevait alors l'ancienne capitale du comté de Hainaut : la tiare, l'aigle bicéphale et la toison d'or. Et me vint aussitôt à l'esprit que ceux-ci étaient la métaphore de ce que pourraient être les différents niveaux d'appartenance et d'identité de l'actuelle Union européenne dans sa future communauté de destin politique et spirituel.

 La tiare, c'est bien entendu Rome et la papauté, autorités morales et universelles ("catholiques", au sens étymologique du terme) marquant le niveau de pouvoir spirituel au-delà et au-dessus du champ des responsabilités terrestres.

 L'aigle bicéphale noir sur fond or pour l'Empire ou, plus exactement, le Saint Empire romain germanique - héritier de l'Empire romain d'Occident disparu en l'an 476 de notre ère alors que lui succédait à l'Orient Byzance-Constantinople qui possédait le même emblème - dirigé par Philippe le Beau à l'époque où furent installés les vitraux de la collégiale hennuyère.

  Philippe le Beau était le fils de la duchesse Marie de Bourgogne - elle-même fille de Charles le Téméraire - et de l'empereur Maximilien de Habsbourg. Uni à Jeanne la Folle, reine d'Espagne et fille des "rois catholiques", son propre fils, le futur Charles Quint né à Gand, héritera grâce à ces alliances du plus grand apanage politique jamais conçu en Europe depuis la chute de Rome : Autriche, Allemagne, Pays-Bas, sud de l'Italie, Espagne et Amériques... la légende dit justement que le soleil "ne se couchait jamais" sur ses possessions universelles !

 La Toison d'or enfin, et le merveilleux imaginaire chevaleresque qui l'accompagne, symbole mythologique de l'espace bourguignon s'identifiant à ce moment aux anciens Pays-Bas (les dix-sept provinces) plus une partie du territoire de la France, premier espace politique important dont dépendaient la ville de Mons et le comté de Hainaut alors uni à la Flandre.

 Au moment où l'Europe se cherche plus que jamais des repères symboliques d'identité culturelle et de claires limites d'appartenance politique ou géographique, tiraillée entre la notion d'Etats-Unis-empire européen centralisé (aujourd'hui "Bruxelles") et les nations souveraines, voire même les régions historiques, qui la composent, ces trois jalons de pouvoir ne pourraient-ils pas servir de référence ?

 La tiare, c'est bien entendu la chrétienté, trait d'union traditionnel - à la fois d'ordre moral et religieux - entre l'immense majorité des peuples souverains qui composent le vieux continent, dans son élan mystique de coeur et d'esprit tempéré par la raison gréco-latine qui fonde son humanisme lucide et intégral.

 L'aigle impérial bicéphale, c'est l'Union renforcée et solidaire des États de l'Europe, d'est en ouest (sens original du dédoublement symbolique de la tête) et du nord au sud, sans laquelle nous ne pourrons faire face aux superpuissances qui l'environnent et l'observent de part et d'autre avec des yeux de prédateur.

 La toison d'or enfin, c'est le niveau de proximité des peuples par excellence, celui où peuvent s'exprimer le plus librement les cultures autochtones dans leur communauté de langue, de moeurs ou de coutumes, sans renier toutefois la transcendance de leurs particularités au profit d'un idéal supérieur d'intérêt collectif qui les dépasse tout en les intégrant.

 Ce n'est qu'à ce prix que l'Europe redeviendra un rêve et un modèle dans la couronne d'étoiles étincelantes qui constellent son drapeau azuré comme le firmament.

Jean-Pierre De Rycke
Docteur en Histoire de l'art
Ancien conservateur du musée des Beaux-Arts de Tournai. Belgique.


LA TIARA, EL ÁGUILA BICÉFALA Y EL TOISÓN DE ORO: ¿UNA TRILOGÍA EUROPEA?


  Asistiendo recientemente a un oficio religioso en la colegiata de Sainte-Waudru de Mons, en Bélgica, mi atención se centró de pronto en la vidriera cenital del coro del edificio, que fusiona simbólicamente la quintaesencia del poder político y religioso bajo cuya autoridad se situaba el lugar.


Vitreaux del Coro - Colegiala Sainte-Waudru de Mons 

  Al observar los tres motivos heráldicos superpuestos en el interior del ventanal gótico, reconocí rápidamente los símbolos de soberanía jerarquizados de los diferentes conjuntos que se encontraban bajo la jurisdicción de la antigua capital del condado del Hainaut: la tiara, el águila bicéfala y el Toisón de oro, y de inmediato se me ocurrió que estos eran la metáfora de lo que podrían ser los diferentes niveles de pertenencia y de identidad de la actual Unión Europea en su futuro destino político y espiritual.

  La tiara es, claro está, Roma y el papado, autoridades morales y universales “católicas”, en el sentido etimológico del términoque señalan el poder espiritual más allá del campo de las responsabilidades terrenales.

  El águila bicéfala negra sobre fondo de oro representa el Imperio, y más exactamente, el Sacro Imperio Romano Germánico, heredero del Imperio Romano de Occidente, desparecido en el año 476 d.C. y sucedido por el Imperio Romano de Oriente, que poseía el mismo emblema.

  En el momento en el que las vidrieras de la colegiata de Mons fueron instaladas, el Sacro Imperio era gobernado por Felipe el Hermoso, hijo de la duquesa María de Borgoña y del emperador Maximiliano de Habsburgo. Casado con Juana la Loca, reina de España e hija de los Reyes Católicos, su hijo, el futuro Carlos V, nacido en Gante, heredará gracias a sus alianzas el mayor territorio político jamás concebido en Europa tras la caída de Roma: Austria, Alemania, los Países Bajos, el sur de Italia, España y las Américas. No en vano, cuenta la leyenda que en su reino “nunca se ponía el sol”.

  Finalmente, el Toisón de Oro y el maravilloso imaginario caballeresco que lo acompaña, símbolo mitológico del espacio borgoñón, que se identificaba en ese momento con los antiguos Países Bajos (las diecisiete provincias) y una parte del territorio de Francia, primer espacio político importante del que dependían la ciudad de Mons y el condado del Hainaut, entonces unido a Flandes.

  En el momento en el que Europa busca más que nunca referencias simbólicas de identidad cultural y límites de pertenencia política o geográfica, debatiéndose entre la noción de un imperio europeo centralizado simbolizado hoy día por Bruselasy las naciones soberanas (o incluso las regiones históricas) que la componen, estos tres jalones de poder podrían tal vez servir de referencia.

  La tiara simboliza la cristiandad, nexo tradicional de la inmensa mayoría de los pueblos soberanos que componen el viejo continente en su impulso místico de corazón y de espíritu templado por la razón grecolatina que funda su humanismo lúcido e integral.

  El águila imperial bicéfala es la unión reforzada y solidaria de los Estados de Europa, del Este al Oeste sentido original del desdoblamiento simbólico de la cabezay del Norte al Sur, sin la cual no podríamos hacer frente a las superpotencias que la circundan y que la observan con ojos de predador.

  Y el Toisón de oro es, finalmente, el nivel de proximidad de los pueblos por excelencia, aquel en el que pueden expresarse con más libertad las culturas autóctonas en su comunidad lingüística, de hábitos o costumbres, sin negar la trascendencia de sus particularidades para beneficio de un ideal superior de interés colectivo que las sobrepasa y las integra al mismo tiempo.

  Solo de este modo Europa se convertirá en un sueño y un modelo en la corona de estrellas resplandecientes que constelan su bandera, azul como el firmamento.

Jean-Pierre De Rycke
Doctor en Historia del Arte

Antiguo conservador del Museo de Bellas Artes de Tournai. Belgique.